L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et le cancer de la prostate (CaP) sont deux affections très courantes chez les hommes d’âge avancé. La HBP, qui correspond à une croissance bénigne des tissus de la prostate, provoque souvent des symptômes urinaires (difficulté à uriner, besoin fréquent d’uriner, jet faible). Le CaP, quant à lui, peut évoluer silencieusement car il est souvent asymptomatique à ses débuts. La coexistence de ces deux maladies est fréquente, ce qui complique parfois leur diagnostic différentiel. Lorsqu’un patient doit subir une intervention chirurgicale pour HBP, il est important de rechercher la présence éventuelle d’un CaP, afin d’adapter au mieux la stratégie de soin.

Cet article explique pourquoi le dépistage du cancer de la prostate est essentiel avant une chirurgie de la prostate pour HBP, quelles méthodes utiliser pour détecter un éventuel CaP, et comment intégrer ces démarches dans la prise en charge du patient.

 

La coexistence fréquente de l’HBP et du CaP

Chez les hommes de plus de 50 ans, près de la moitié présentent des symptômes liés à une HBP. Ces symptômes augmentent avec l’âge : plus de 80 % des hommes de plus de 70 ans en souffrent. Parallèlement, la prévalence du CaP croît aussi fortement avec l’âge. Une étude internationale montre que chez les hommes de moins de 30 ans, la prévalence du CaP est faible, mais elle augmente jusqu’à près de 60 % chez ceux de plus de 79 ans. Ces deux pathologies ne sont pas liées de façon causale, mais leur coexistence pose un défi diagnostique et thérapeutique.

Leur coexistence peut aussi être influencée par des facteurs génétiques et ethniques. Certains gènes (BRCA1/2, ATM, HOXB13) et mutations génétiques peuvent augmenter le risque pour les deux maladies. Par exemple, chez les hommes d’origine afro-caribéenne, le risque de CaP est plus élevé, ce qui influence le dépistage et la prise en charge.

 

Facteurs de risque partagés : l’âge, la génétique et l’origine ethnique

L’âge est un facteur clé : la majorité des CaP et des SBAU (symptômes du bas appareil urinaire liés à l’HBP) apparaissent après 50 ans. L’étude EPIC montre que la proportion d’hommes ayant des SBAU passe de 51 % avant 40 ans à plus de 80 % après 60 ans. La prévalence du CaP, quant à elle, augmente avec l’âge, avec près de 60 % des hommes de plus de 79 ans présentant ces lésions à l’autopsie.

Les facteurs génétiques jouent aussi un rôle : des mutations précises dans certains gènes peuvent augmenter la susceptibilité à ces pathologies. La génétique familiale est aussi importante, car avoir un parent ou un frère atteint augmente le risque, ce qui indique une transmission génétique partagée.

L’origine ethnique est également une variable essentielle. Les hommes d’origine afro-caribéenne ont un risque accru de CaP par rapport à d’autres groupes ethniques. Par contre, ces hommes ont un risque moindre de développer une HBP, ce qui influence la stratégie de dépistage.

 

Le rôle du PSA dans le dépistage

Le dosage du PSA (antigène spécifique de la prostate) est une méthode couramment utilisée pour rechercher un CaP. Cependant, dans le contexte de l’HBP, le PSA peut être élevé pour plusieurs raisons, ce qui complique son interprétation. La cause d’une augmentation du PSA peut être l’HBP, voire une infection ou un faux positif.

Malgré cela, un PSA élevé doit faire réfléchir. Lors de chirurgie pour HBP, le taux de CaP incident (découvert après l’intervention) varie entre 5,6 % et 26 %, même lorsque l’évaluation préopératoire est soignée. Certaines études montrent que, chez les patients avec un PSA élevé, une IRM ou une biopsie prostatique peuvent découvrir un CaP chez environ 9 % d’entre eux, ce qui souligne l’intérêt de ce dépistage.

Cependant, le PSA seul n’est pas suffisant pour faire un diagnostic précis. La densité du PSA (rapport entre PSA et volume de prostate), la vélocité du PSA (variation dans le temps) et la proportion de PSA libre/total peuvent aider à mieux évaluer le risque de CaP. Par exemple, un PSA élevé associé à une densité élevée ou une vitesse rapide.

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